Par Liliane VERNHES, publié le 10 janvier 2021.
Découvrons ce qui gère notre intestin et qui influence aussi nos humeurs.
L’écosystème intestinal repose sur un trépied :
- Le microbiote composé des bactéries qui se logent au niveau de notre colon, et notre
- muqueuse intestinale qui elle-même est dotée de
- un système immunitaire.
L’intestin est équipé d’une fine paroi laissant passer SEULEMENT ce qui est nécessaire (vitamines, minéraux, acides aminés de petites tailles…) dans le flux sanguin. Toutefois il arrive, sous l’effet du stress et de l’alimentation (excès de sucre, de grignotage, de déficit en légumes), que l’intestin devienne trop poreux. C’est ce qu’on appelle l’hyperperméabilité intestinale.
C’est au contact de la paroi que les cellules immunitaires s’affermissent pour stimuler notre réponse immunitaire (plus de 70 % des cellules immunitaires de l’organisme se retrouvent dans l’intestin et forment le GALT (= tissu lymphoïde du tube digestif), qui est un système de défense spécifique et est constitué de lymphocytes T et B, de plasmocytes et de macrophages isolés ou organisés en follicules lymphoïdes: de grosses formations, constituées d’éléments et de cellules appartenant au tissu lymphatique, renfermant des lymphocytes . Ces cellules immunitaires reçoivent des informations venues de la lumière intestinale (composés alimentaires mais également microbiote) par l’intermédiaire de la muqueuse. Ce dialogue permet de déclencher une réponse immunitaire pour lutter contre des corps étrangers pathogènes.
L’intestin joue un rôle essentiel de défense au niveau local, mais exerce aussi un contrôle sur l’ensemble de l’immunité de l’organisme.
L’importante augmentation de maladies auto-immunes, des troubles anxieux ou dépressifs nous interroge. Ceux-ci peuvent être améliorés par l’état de notre microbiote intestinal. Les bactéries sont capables de sécréter différentes molécules, qui, au niveau de notre cerveau, peuvent avoir une influence positive ou défavorable en développant par exemple des troubles psychologiques ou de l’humeur, comme l’anxiété, la dépression, les troubles du sommeil…
Un lien a aussi été établi entre la flore intestinale, l’état du microbiote et certaines douleurs abdominales, troubles du transit, ballonnements, ou avec certaines infections (ORL, broncho-pulmonaires, vaginales, urinaires…) La résistance à l ‘insuline, l ‘inflammation de bas grade sont aussi modulés par ce microbiote .
L’ « axe intestin cerveau »:
Le microbiote déséquilibré provoque ce qu’on appelle une dysbiose intestinale. Dans ce cas, la carence en bactéries favoriserait l’anxiété, les états dépressifs, etc.
La dysbiose est la cause de l’inflammation en bas grade d’une immunité affaiblie au niveau intestinal. C’est là que le virus vous atteint, car vous êtes affaibli, la muqueuse ne jouant plus son rôle de frontière. Elle ne fait plus le tri et les divers troubles digestifs apparaissent, à commencer par la SENSIBILITE à de plus en plus d’aliments. Des fragments d’aliments (peptides) et endotoxines passent dans le sang, l’immunité est alors surexcitée et engendre une inflammation. Les peptides perturbent particulièrement le système nerveux.
Quant au stress, il influe notre santé digestive, nos intestins, donc favorise la dysbiose. Il est bon de rappeler que nos intestins communiquent en permanence avec notre cerveau et notre peau.
Rien de surprenant pour les personnes atteintes d’eczéma qui voient leurs crises s’aggraver quand elles sont particulièrement exposées à un stress. Ni pour celles qui souffrent de diarrhée suite à un stress ou une émotion forte. Ces émotions subies, les états dépressifs et l’excès d’anxiété contribuent au déséquilibre du microbiote et à l’inflammation généralisée.
Une étude a montré qu’une prise de probiotiques Lactobacillus helveticus et Bifidobacterium longum pendant 30 jours seulement, a fait baisser de façon significative le stress et l’anxiété, de par le fait qu’ils produisent et libèrent de l’acide gamma aminobutyrique GABA et de la sérotonine agissant sur certaines régions du cerveau qui produisent des émotions.
C’est ainsi qu’une bonne alimentation riche en prébiotiques (légumes, fruits, céréales complètes, choucroute crue etc..), poissons gras riches en oméga 3, et une hygiène de vie diminuant le stress , optimise votre microbiote intestinal et favorise donc un système immunitaire satisfaisant, ainsi qu’un bon équilibre émotionnel.
C’est au niveau intestinal que des neurotransmetteurs nécessaires à l’équilibre émotionnel sont produits. Grâce au microbiote !
En conclusion, il est précieux d’améliorer votre style de vie afin de contrôler votre stress et soutenir votre microbiote ; car tout interagit en permanence (muqueuse, microbiote, immunité, le cerveau et les neurotransmetteurs). La flore intestinale équilibrée permet un bon maintien des systèmes immunitaire et nerveux.
Source :
– écrits contributifs du cursus universitaire des formations reçues IEDM, SIIN, AVIITAM.
– Yuichiro Yamashiro « Gut Microbiota in health and disease” Ann Nutr Metab 2017;71:242-246
– Diaz “ Mind altering microorganisms: the impact of the gut microbiota on brain and behavior” Nat Rev Neurosc 2012 24:889